Le week-end du 20 et 21 avril 2019, Yoann Monribot, reporter pour Champions du digital, a pu vivre une course au sein d’une équipe professionnelle de cyclisme : la Groupama-FDJ (équipe masculine) et la FDJ-Futuroscope-Nouvelle Aquitaine (équipe féminine). Au cours de ces quelques lignes, il vous plonge dans les coulisses de cette inside avec la team FDJ. Comme si vous y étiez!
L’Amstel Gold Race : qu’est ce que c’est ?
L’Amstel Gold Race est une course créée en 1966 et inscrite au calendrier UCI Pro Tour depuis 2011. Elle parcourt le sud de la province du Limbourg avec ses berg (petites collines) aux environs de Maastricht. Elle est longue de 265,7 km. Elle est quand même très atypique car lors de cette épreuve, les coureurs « tournent en rond », ils passent et repassent au même endroit, grimpent un « berg » sur un passage pour le descendre quelques kilomètres après.
C’est la première des Classiques Ardennaises, elle se déroule avant la Flèche Wallonne (le mercredi suivant) et Liège-Bastogne-Liège (le dimanche en 8).
Seule course d’un jour de niveau World Tour organisée aux Pays-Bas, elle est considérée comme l’épreuve la plus importante du calendrier hollandais.
Dans les coulisses de la team Groupama FDJ
Il est 16h ce 20 avril 2019 quand je pose les pieds sur le sol hollandais sous un soleil de plomb. Chose bizarre en cette fin de mois. Il n’y a plus de saison… Direction mon hôtel.
Après avoir posé mes valises et pris mon premier rafraichissement, une voiture stickée aux couleurs de la Groupama-FDJ se gare sur le parking. Je reconnais Cédric Pineau, ancien coureur cycliste de l’équipe. Il est en charge maintenant de s’occuper des relations avec les invités. Il sera mon guide lors de ce week-end. Après une présentation du programme de ces deux jours nous prenons la direction de l’hôtel de l’équipe, qui se situe à Kanne, dans un tout petit village excentré de l’émulation de Maastricht.
Camion des mécaniciens, camion du chef cuisto, bus, voitures, nous sommes à la bonne adresse.
Les mécanos sont en train de préparer les « montures ». Cédric présente alors les F1 sur lesquelles roulent les coureurs de l’équipe. Les Lapierre Xelius SL et Aircode SL (le premier étant plus polyvalent et l’autre beaucoup plus rigide et plus nerveux).
Ici le vélo de Rudy Molard, coleader de l’équipe avec Valentin Madouas sur cette course. Il faut savoir qu’un coureur possède son vélo de course, puis deux vélos de rechange (qui se trouvent sur les voitures de dépannage sur la course), puis un autre qui reste dans le camion des mécanos et pour finir un cadre nu au cas où il y ait de la casse. Une équipe comportant sept coureurs, je vous laisse faire le calcul…
Bon ça va, 50 vélos et 60 paires de roues peuvent y rentrer ! Tout est bien pensé.
A l’avant du camion se trouve la buanderie de l’équipe avec machine à laver, sèche-linge, et tout ce qui sert pour les ravitaillements de l’équipe (bidons, boissons énergisantes, barres de céréales pour ne citer que cela).
C’est alors qu’une odeur de légumes mijotés vient me titiller les narines, il est presque 19h, c’est normal… Je me trouve à côté du camion cuisine, où je retrouve le cuisinier Chun. Il me présente le repas à la carte du soir (bouillon de légumes, champignons, poulet et pour le dessert : gâteau de riz).
Depuis quelques années, toutes les équipes possèdent leur propre chef cuisinier qui les suit lors de chaque déplacement. Ceci pour pallier aux problèmes d’allergies alimentaires et pour éviter de manger aussi gras qu’au Mac Do ! Surtout lors des épreuves en Espagne ! C’est vraiment une cuisine digne d’un restaurant étoilé avec sa propre chambre froide.
J’arrive à la fin de la visite qui me mène droit vers le bus de l’équipe. Au premier abord on peut se dire que c’est un bus basique, comme l’on peut trouver sur les routes des vacances au soleil ! Mais c’est au pied des marches que l’on s’aperçoit qu’il est vraiment fait pour le confort des coureurs. Merci Podicom, l’usine qui aménage les bus des équipes de cyclisme professionnel.
A l’avant chacun possède sa propre place avec fauteuil orientable aux couleurs de l’équipe, où il peut se détendre avant et après la course et lors des trajets.
Notre visite continue, comme pour la visite d’un appartement, par la cuisine, car au milieu du bus se trouve un coin restauration (qui n’a rien à voir avec la cuisine de Chun), mais où l’on peut se faire réchauffer des petits plats au micro-ondes et prendre un petit ravitaillement frais dans le frigo. S’en suit le coin salle d’eau avec deux douches, après la course ça permet de se détendre. Pour finir une petite salle de réunion ou de briefing avec banquettes et télévisions. D’ailleurs, c’est ici que l’on nous présente des petits films retraçant les 22 ans d’histoire de l’équipe à l’intérieur du peloton.
En descendant du bus nous tombons nez à nez avec les directeurs sportifs Franck Pineau, Jussi Veinkkanen et Marc Madiot, qui vont préparer le briefing d’avant course et distiller les consignes de course aux coureurs. Nous en croisons certains qui flânent devant l’hôtel, discutent avec les mécanos sur les derniers réglages aux vues des conditions climatiques annoncées le lendemain, pendant que les autres sont au kiné. Il est vrai que nous n’avons pas cette même pression pour les équipes françaises sur notre sol. Les coureurs sont plus décontractés et plus accessibles. Ils ont pu s’échapper un peu pour discuter avec nous. Discuter de leurs conditions et comment ils appréhendent la course.
Je m’aperçois que je ne nous vous ai pas donné la liste des présents sur cette épreuve pour la Groupama FDJ donc je répare cette erreur :
Dossard N° | Nom | Prénom |
91 | Ludvigsson | Tobias |
92 | Madouas | Valentin |
93 | Molard | Rudy |
94 | Seigle | Romain |
95 | Vaugrenard | Benoit |
96 | Vincent | Léo |
97 | Bonnet | William |
La visite du jour s’achève ici, il est temps de se rendre au repas presse de l’équipe féminine de la FDJ Futuroscope Nouvelle Aquitaine. On se retrouve demain.
De grandes ambitions pour la team FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope
Direction le centre historique de Maastricht dans un restaurant où au menu ce n’était pas un repas d’avant course. Je retrouve le Manager Stéphen Delcourt, le directeur sportif Cédric Barre et les membres du service presse de l’équipe.
Stephen Delcourt nous présente les ambitions de l’équipe sur cette épreuve. L’équipe de la FDJ-Nouvelle Aquitaine Futuroscope, présente dans le peloton depuis 2017, veut briller sur les Ardennaises et confirmer sa bonne entame de saison. L’objectif étant de placer une cycliste dans le Top 10. Pour cela, Emilia Fahlin (championne de Suède) sera désignée leader de l’équipe. Elle multiplie les bonnes performances depuis le début de saison et est actuellement placée à la 15ème place du classement individuel mondial. Elle sera épaulée d’Eugenie Duval, Shara Gillow, Victorie Guilman, Lauren Kitchen, Charlotte Becker.
Il faut savoir que c’est la seule équipe française présente dans le peloton mondial. Quand j’interroge Stéphen et Cédric sur leur vision du développement du cyclisme féminin en France, ils m’expliquent qu’il manque deux choses.
La première étant pour la France d’avoir une championne du monde ou une fille levant les bras sur une épreuve sur le sol français. Cela pourrait susciter plus de place dans les médias français et ainsi faire de la promotion à la discipline.
La deuxième étant la création d’équipes féminines au sein d’équipes masculines françaises du peloton du World Tour. La France possède 7 équipes masculines. Si la moitié d’entre elles sautent le pas, cela pourrait créer de la concurrence et de l’émulation entre les filles.
« Sport pour Elles » : un programme pour soutenir le sport au féminin
La FDJ est engagée depuis 2016 dans le soutien au sport féminin avec un programme dédié « Sport pour Elles », autour de 4 piliers que sont l’encouragement à la pratique pour toutes, le soutien du sport de haut niveau, la médiatisation et la mobilisation des réseaux. L’engagement le plus visible du programme est aujourd’hui l’équipe cycliste féminine FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, dont la FDJ est partenaire depuis 2017. Cet investissement, qui a été renouvelé jusqu’en 2020 et qui a quasi triplé de budget, vise à asseoir les performances et la professionnalisation de la première équipe cycliste française.
Le repas fini et le déca pris, je rentre en direction de l’hôtel car demain c’est jour de course et il faut aller dormir.
Top départ sur l’Amstel Gold Race avec les équipes FDJ
Dimanche, 7h du matin, me voilà sur le parking en train d’attendre Cédric direction l’hôtel des garçons afin de bruncher en leur compagnie.
Sur place les mécanos s’activent pour nettoyer les voitures et charger les vélos sur les galeries. Chun est dans sa cuisine pour préparer des omelettes pour les petits déjeuner. Les soigneurs préparent les 150 bidons pour les ravitaillements. Il fait déjà très chaud, les coureurs vont subir les premières « chaleurs » de course. Il y a une semaine sur Paris Roubaix il faisait 3 degrés à la même heure.
Je rentre dans la salle du petit déjeuner. Les coureurs sont devant leur bol de lait et leur omelette en train de prendre des forces. Ils sont déjà dans leur course. Nous n’allons pas les déranger dans leur petit moment avant d’entrer dans l’arène.
Les directeurs sportifs sont un peu plus décontractés que les coureurs malgré le fait qu’eux aussi vont faire des bornes dans la voiture et espèrent que ce qui est prévu puisse « rouler comme sur des vélos ». Nous échangeons sur l’entreprise Groupama-FDJ autour d’une tartine. La Groupama FDJ, c’est à peu près 100 personnes dont une quarantaine de coureurs (entre l’équipe première et réserve).
Il est 8h40, le convoi Groupama FDJ quitte la petite ville de Kanne pour Maastricht le lieu de présentation des équipes et du départ fictif.
Nous comprenons la ferveur du public néerlandais pour le cyclisme. La Hollande est bien le pays du vélo. Les paddoks sont noirs de monde. Il est difficile pour le bus de se frayer un chemin. Les fans sont là. Les équipes masculines et féminines vont être présentées au grand public sur le podium prévu à cet effet sur la grande place de la petite bourgade.
Chaque coureur, chaque équipe, sont applaudis, mais un coureur a la ferveur du public. Ce coureur est le champion de Hollande en titre, une pépite du cyclisme mondial : Mathieu Van der Poel. Lorsque son nom est prononcé par le speaker, nous avons droit aux « Houra ! » des supporteurs, la musique à fond et des jets de cotillons. Bref, nous y sommes. Le départ est donné!
Nous ne suivrons pas la course derrière le peloton, mais grâce à Cédric nous avons pu faire 8 stops, tout au long, de la course sur le circuit. Sur le plat où les coureurs sont passés à plus de 50 km/h ou bien en haut des bergs avec un monde digne d’un col sur le Tour de France où Cédric a pu ravitailler les coureurs.
Après le dernier arrêt au bord de la route nous avons pris la direction du bus garé après la ligne pour suivre la course sur la T.V. Nous avons pu être témoin d’une fin de course stratosphérique. Dans les 5 derniers km la situation de course était la suivante :
Deux hommes à l’avant, Julian Alaphilippe (Deceuninck Quick Step) et Fulglsang Jakob (Astana Pro Team) qui ont environ 40 secondes d’avance sur un coureur Kwiatkowsi Michal (Team Sky) et derrière Van Der Poel Mathieu (Corendom Circus), Bardet Romain (Ag2r la Mondial), Clark Simon (EF Education First), Valentin Madouas (Groupama FDJ) pour ne citer qu’eux.
Tout le monde tombe d’accord que la course est pliée et que la victoire va se jouer à l’avant. Cocorico! Il y a un coureur français à l’avant. Mais c’est sans compter sur un retour fulgurant du groupe Van Der Poel, qui a repris plus d’une minute en 5 km (chose impressionnante). Il revient sur les talons des échappées. Le sprint est lancé et à la fin c’est Mathieu Van der Poel qui s’adjuge « sa » course chez lui. Je ne vous raconte pas l’ambiance lors de la victoire, on se croyait au stade Lescure lors de la diffusion de la final de la Coupe de Monde au mois de juillet!
Coté Groupama FDJ, Valentin Madouas signe le premier top 10 de l’équipe sur cette course depuis 20 ans. Les directeurs sportifs sont très satisfaits de cette course et du comportement des coureurs. Certains ont souffert des premières chaleurs.
Voici le classement des coureurs de l’équipe :
Place | Nom | Prénom |
DNF | Ludvigsson | Tobias |
8 | Madouas | Valentin |
32 | Molard | Rudy |
91 | Seigle | Romain |
DNF | Vaugrenard | Benoit |
DNF | Vincent | Léo |
DNF | Bonnet | William |
Coté filles, Emilia Fahlin, très bien placée à 3 km de l’arrivée à été victime d’un problème technique. Suite à une concurrente qui, pour éviter de chuter, l’a percutée et lui a endommagé son dérailleur arrière. Elle prend finalement une 15ème place alors qu’elle jouait une place sur le podium.
Place | Nom | Prénom |
15 | Falhin | Emilia |
45 | Duval | Eugénie |
47 | Guilman | Victorie |
DNF | Gillow | Shara |
DNF | Kitchen | Lauren |
DNF | Becker | Charlotte |
Voilà, la voiture balai est arrivée. Les vélos sont remis sur les galeries. Les coureurs sont douchés. Il est temps de repartir et de remercier la FDJ pour ce formidable week-end en immersion total.
Comme à dit Franck Pineau, ce matin-là lors du petit déjeuner, «Au sein d’une équipe cycliste nous n’avons rien à vendre, notre but n’est pas faire du profit mais nous vendons du rêve ».
C’est bien la réalité que j’ai pu vivre. Merci!
Un grand merci à la FDJ Sport pour ce mémorable week-end dans les coulisses de l’Amstel Gold Race! A très vite sur un prochain inside !