Fondateur de l’agence 4Success dédiée à l’accompagnement des sportifs professionnels, Sébastien Bellencontre a accepté de répondre à mes questions à l’occasion des conférences Think Football où il intervenait le 7 février dernier. Nous avons parlé de son métier mais aussi du développement de l’image des footballeuses avec l’arrivée de la Coupe du Monde féminine en France cet été. Il a évoqué le cas intéressant d’Amandine Henry qu’il accompagne sur la gestion de son image et dont les sollicitations de la part des marques explosent depuis quelques mois. Entretien.
Pouvez-vous présenter votre agence 4 Success ?
4 Success est une agence de communication dédiée à l’accompagnement des sportifs professionnels. On les accompagne sur 3 grandes thématiques que sont :
- la relation avec les médias traditionnels
- la gestion de leur stratégie de communication sur les réseaux sociaux
- le développement de la commercialisation de leurs droits d’image
Dans quelle mesure le fait de gagner une Coupe du Monde a eu un impact sur la gestion des réseaux sociaux des Bleus champions du monde en 2018 ?
Cela n’a sans doute pas changé énormément de choses pour ces joueurs sauf peut être à l’exception d’Adil Rami qui, a mon avis, a pris un énorme pic de notoriété et de capital sympathie depuis la Coupe du Monde. Il gère sa communication digitale tout seul. Il a sans doute eu quelques changements et une organisation différente à trouver.
Néanmoins sur les autres pas de changement. Le gros changement pour quelqu’un comme Adil Rami c’est certainement l’augmentation des sollicitations par le biais des réseaux sociaux qu’il faut modérer. Ce qui n’est pas toujours simple quand on gère tout seul ses réseaux sociaux.
Vous gérez l’image de l’internationale Amandine Henry. La Coupe du Monde féminine qui aura lieu en France arrive à grands pas. Quel impact a cette Coupe du Monde sur le développement de l’image d’Amandine Henry?
Il y a vraie augmentation exponentielle des sollicitations concernant Amandine Henry depuis quelques mois. La raison principale est que c’est la capitaine de l’équipe de France féminine qui va jouer le mondial en France. Il a fallu qu’on s’organise en terme de temps. Sur l’ensemble des sportifs qu’on représente, Amandine Henry devait nous prendre peut être 20 ou 25% de notre temps.
Aujourd’hui on est à plus de 50% de notre temps consacré à l’accompagner. Nous sommes plusieurs personnes. Toute l’équipe n’est pas dédiée à Amandine. Néanmoins il a fallu qu’on revoit nos ressources car les sollicitations à la fois médiatiques mais aussi marketing, sont évidemment plus importantes qu’il y a quelques mois. C’est génial pour elle. C’est génial pour le football féminin en général. Ce n’est pas non plus la seule concernée. D’autres joueuses sont dans ce cas-là. Elle polarise l’ensemble des sollicitations parce qu’elle est capitaine de l’équipe de France.
De plus c’est une bonne communicante donc ça coche pas mal de cases dans l’univers de la communication et du marketing pour tout ce qui touche au sport et au sport féminin.
Quels éléments mettez-vous en avant auprès des marques pour les inciter à miser sur le football féminin ?
J’en parlais pendant l’atelier de Think Football. Ce qu’on va avoir tendance à mettre plus en avant que pour un garçon c’est la notion de valeurs et de storytelling autour de ces valeurs.
Dans le football, quand une marque sollicite un garçon, elle va souvent aller chercher c’est la notoriété et l’accélérateur de notoriété alors que chez une fille on ne va pas forcément aller chercher de la notoriété mais de la transformation de valeurs, de l’engagement. Ce qui est moins la cas avec un garçon.
Les audiences dans le football masculin et dans le football féminin sont différentes…
Les audiences des joueurs de football sont très populaires, extrêmement larges mais très masculines. Chez les filles c’est différent, je ne dirais pas qu’on a de la parité mais on a un équilibre hommes-femmes qui est plus présent que dans l’audience des garçons.
On s’aperçoit aussi qu’on est moins sur du fan de football, on est plus sur du fan de sport. On va moins chercher des socios. On va chercher de l’affinitaire sport.
L’UNFP a lancé le programme “Passeport Pro”. Pouvez-vous nous en parler ?
L’UNFP a lancé cette saison un programme qui s’appelle “Passeport Pro” destiné aux clubs de football professionnels et aux premiers contrats professionnels.
L’idée de ce programme est d’amener de la compétence aux jeunes joueurs professionnels qui découvrent l’univers du football professionnel sur différents items : la gestion des contrats, la gestion de son argent, la nutrition, la communication et notamment le media training traditionnel. Une nouveauté est apparue avec tout ce qui touche au social media.
C’est assez intéressant de pouvoir aller discuter de la gestion de cet outil avec les jeunes joueurs. Les sensibiliser aux usages : à la fois l’opportunité d’un bon usage et limiter le risque.
En 2019 quelles sont les tendances à suivre dans le digital et le sport ?
Sur les mois et années qui arrivent c’est la réalité augmenté pour moi. Le sport est forcément un super territoire d’expression pour la réalité augmentée. Tout ce qui est intelligence artificielle et réalité augmentée seront vraiment les tendances lourdes de demain dans le sport.
Merci à Sébastien Bellencontre pour cette interview particulièrement intéressante sur le sujet du développement de l’image des sportives et sportifs de haut niveau.